Coronavirus: Faut-il avoir peur des chauves-souris?

25.05.2020, Bettina Erne
On a dit beaucoup de choses concernant l’origine et la diffusion du coronavirus. Certains blâment les chauves-souris, les considérant comme responsables de la pandémie. Mais qu’en est-il réellement?

La pandémie actuelle de COVID-19 se propage depuis le début de l’année 2020 à travers le monde. Elle trouve son origine en Chine, dans la ville de Wuhan, où cette nouvelle pneumonie virale infectieuse s’est déclarée en décembre 2019. Les hôtes de cette souche de ce Coronavirus ont été identifiés comme étant des chauves-souris. Un Rhinolophe asiatique répandu dans la province du Yunnan (Rhinolophus affinis) a été identifié comme porteur d’un coronavirus partageant une forte identité de séquence génétique avec le COVID-19 (96 %). Un hôte intermédiaire est toutefois nécessaire pour le passage de ce virus sur l’homme, le principal suspect est le Pangolin de Malaisie (Manis javanica). L’apparition de la pandémie semble donc due à la mise en contact de chauves-souris et de pangolins sur des marchés où ces animaux sont vendus pour être consommés. Ce genre de situation augmente le risque de transmission de virus d’un hôte animal à un autre. 

C’est à l’issue d’un trafic dû à des activités humaines délictueuses que ce coronavirus a probablement infecté l’homme. Ces pratiques nous confirment une fois de plus qu’aujourd’hui, nous ne vivons pas uniquement une crise sanitaire mais également une crise environnementale dont les chauves-souris sont aussi victimes. Avec l’explosion démographique et la généralisation d’une agriculture prédatrice des ressources naturelles, l’homme se rapproche d’espèces qui le fuyaient, tout en détruisant leurs habitats. Menacées, les chauves-souris sont aujourd’hui protégées dans toute l’Europe. 

Chez nous, toutes les espèces de chauves-souris sont insectivores, dévorant d’énormes quantités de moustiques, mouches, carabes, etc. Elles rendent ainsi des services importants à l’agriculture et à la sylviculture notamment. Ces mammifères sont capables de manger entre 500 et 1000 insectes en une heure ! Une colonie de chauves-souris à proximité d’un verger peut réduire de 50% l’utilisation de pesticides. Comme le précise le communiqué du Centre de Coordination Ouest pour l’étude et la protection des chauves-souris (CCO), la valeur des services écosystémiques des chauves-souris est estimée en Suisse à plus de 100 millions de francs par an. 

Il est primordial de rappeler que le coronavirus se propage uniquement par transmission d’humain à humain. Une transmission directe des chauves-souris à l’homme est hautement improbable dans nos régions, selon le Professeur Cornel Fraefel, de la faculté Vetsuisse de l’Université de Zürich. D’autant plus qu’en Europe, il n’y a quasiment aucun contact direct avec les chauves-souris.Avoir des chauves-souris chez soi représente une chance et non pas un danger. La cohabitation entre hommes et chauves-souris sous un même toit peut se faire sans soucis. Profitons donc d’observer le vol de ces mammifères fascinants lors de leurs chasses aux insectes !

En cas de questions concernant les chauves-souris vous pouvez contacter votre antenne régionale du CCO.

Important : toute personne amenée à manipuler une chauve-souris, par exemple trouvée par terre, doit se munir de gants ou la saisir avec un linge. Avec la peur, un animal se sent menacé, peut crier et mordre. Les précautions de base doivent donc être prises.

Plus d’informations sur les chauves-souris ou sur l’origine des pandémies:
- https://www.lemonde.fr/planete/video/2020/04/19/pourquoi-nos-modes-de-vie-sont-a-l-origine-des-pandemies_6037078_3244.html
- https://www.bats.org.uk/news/2020/04/facts-about-bats-covid-19
- Un magnifique film Une vie du Grand rhinolophe, réalisé en France